EP125 – LAURÈNE, DEVENIR MÈRE APRÈS L’INCESTE

Le mot de l’interdit

Je crois que la première fois que j’ai entendu le mot inceste, c’était dans la chanson de Gainsbourg “Lemon Incest”. J’ai mis du temps à comprendre ce que voulait dire ce mot susurré par Serge et Charlotte, et puis j’avais du mal à l’associer à quelque chose de mal, tellement j’aimais cette chanson. Mais un jour, j’ai compris. J’ai compris que ce mot racontait l’interdit ultime, l’acte impensable, le séisme d’une vie. La psychologue et essayiste française Hélène Romano qualifie l’inceste de génocide identitaire, et je trouve cette définition assez parfaite. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: un génocide, un meurtre, un poison qui pénètre les tréfonds de l’âme humaine, laissant des coeurs exsangues et des corps meurtris à jamais.

Un frère qui détruit tout

Laurène est née dans une famille bourgeoise, “catho mais pas trop” comme elle dit . Petite fille choyée, elle est la cadette d’un frère de 5 ans son aîné… mais qui n’avait de frère que le titre. Pendant plusieurs années, elle va vivre sous son emprise et sera contrainte de se plier à ses jeux sexuels, jusqu’au jour où elle réussira à lui dire stop. 

Ensuite, il a fallu grandir, et avancer. Mais comment fait-on pour se reconstruire sur les ruines de son enfance? Comment donner une suite à un tel traumatisme? Comment devenir femme, et envisager l’amour pur d’une relation avec un homme, puis avec un enfant? 

Reconstruire sur des ruines

Longtemps terrifiée par les hommes, Laurène a passé des années à les fuir, se réfugiant dans l’excellence intellectuelle pour oublier son corps. La maternité n’a jamais été un sujet, et elle était très loin de penser à une future famille. Car comment s’autoriser à faire un enfant sans savoir si elle serait capable de le protéger? Comment être sûre de ne pas échouer là où ses parents adorés avaient justement tant échoué? Et si c’était un petit garçon… supporterait-elle de mettre au monde un prédateur potentiel? 

Il a fallu apaiser toutes ces angoisses grâce à un travail d’analyse salvateur, jusqu’à la rencontre amoureuse, fondamentale, qui la fera basculer des ténèbres vers la lumière.

Dans cet épisode, Laurène a retissé une chronologie dont il est bien difficile et pénible de se souvenir, mais elle l’a fait pour raconter à toutes celles qui se reconnaîtront dans son histoire qu’il y a un avenir possible, et que l’on peut accéder au bonheur d’être mère, même après avoir connu l’enfer.

Le compte Insta de Laurène : @laurene.pemberley

Les comptes et asso qui parlent de l’inceste et se mobilisent pour protéger les victimes: @enfantbleunational @collectifpourlenfance

LES TEN TIPS DE LAURÈNE

  1. Parlez de l’inceste avec votre enfant!  Apprenez-lui dès son plus jeune âge que certaines parties intimes de son corps ne doivent pas être touchées, même par des membres de la famille proches, même par des gens qu’il aime ou admire. Il existe de très bons ouvrages sur le sujet comme le Livret Stop aux Violences Sexuelles téléchargeable gratuitement sur le site www.bayard-jeunesse.com 
  2. Ce qui est grave c’est ce qui vous est arrivé pas le fait d’en parler.  Il faut parler, vous confier, porter plainte ! L’omerta autour de l’inceste doit cesser. Vous n’êtes pas seul (-e)s & il est important que votre parole soit entendue. 
  3. Si vous avez été victime de violences sexuelles dans votre enfance, un travail thérapeutique vous aidera à vous reconstruire & à évacuer les sentiments de honte et de culpabilité qui envahissent trop souvent les victimes.  Si un thérapeute ne vous convient pas, changez-en jusqu’à ce que vous trouviez une personne en laquelle vous aurez pleinement confiance!
  4. La PMA est un parcours long & usant pour le couple.  Alors oui, vous avez le droit d’avoir envie de baisser les bras, de pleurer, de dire que tous ces traitements font souffrir, de trouver chaque échec injuste!  Soyez bienveillante envers vous-même et envers votre partenaire qui ne vit pas la PMA dans son corps et se sent parfois démuni. 
  5. Fuyez les forums de grossesse, on n’y lit que des horreurs extrêmement anxiogènes qui vous feront perdre le sommeil. Il y a tellement de superbes livres & de podcasts à écouter, foncez plutôt dans cette direction !
  6. Quand bébé dort, maman dort. Franchement, on n’a jamais inventé meilleur conseil. 
  7. Les conseils – souvent bien intentionnés- vont pleuvoir mais n’oubliez pas que c’est vous et le papa (ou la 2e maman) qui êtes les parents.  C’est à vous de décider ce qui est le mieux pour votre enfant. Vous avez aussi le droit de vous tromper et de changer d’avis.
  8. Il faut tout un village pour élever un enfant alors n’hésitez pas à solliciter l’aide de vos proches, surtout dans la période du postpartum. Quelques bons petits plats livrés par les amis ou la famille sont un soutien précieux si vous n’avez pas envie de confier bébé. N’hésitez pas à dire clairement à vos proches de quel type d’aide vous avez besoin.
  9. N’oubliez pas de prendre soin de votre corps après l’arrivée de bébé. Les séances de rééducation du périnée, ça ne fait pas rêver, mais croyez-moi, c’est indispensable ! 
  10. Déculpabilisez les jours où le rôle de maman vous dépasse un peu & où vous êtes fatiguée. Prenez du temps pour vous si quelqu’un peut prendre le relais.  Si vous parlez à votre enfant en lui disant que maman a besoin de temps pour elle pour se reposer, c’est étonnant comme ils le comprennent vite. 
 

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