EP98- JULIE, ILS AURAIENT DÛ ÊTRE DEUX

Il y a des histoires qui ne devraient pas exister, des scénarios catastrophes qui sont sensés n’être que des cauchemars. Cette histoire je l’ai suivie sur Instagram, j’ai pleuré ce bébé parti de façon si injuste, et j’ai été fascinée par l’aptitude de sa mère à une résilience impossible, portée par son autre bébé qui lui, était bien en vie.

Quand Julie m’a fait part de son besoin de raconter ce qui lui était arrivé, je me suis demandé s’il n’était pas trop tôt et j’ai eu peur de la faire replonger dans ces souvenirs traumatiques. Pourtant, à travers nos échanges, j’ai surtout senti une mère en colère, qui ressentait l’urgente nécessité de parler de cette imprévisible grossesse gémellaire, à laquelle il a fallu se faire, puis finalement vécue comme un cadeau de la vie.

Julie a aimé porter ses deux petits garçons presque à terme, mais ce qu’elle appréhendait plus que tout, c’est le moment où il faudrait qu’ils sortent par voie basse. En effet, Julie l’infirmière, Julie la soignante informée, était pourtant terrifiée par la manœuvre interne nécessaire à certains accouchements de jumeaux, et aurait préféré anticiper une césarienne. Mais puisqu’encore aujourd’hui, la parole et les inquiétudes des patientes ne sont parfois pas prises en compte, ce qu’elle redoutait le plus a fini par arriver.

En donnant naissance à Antoine et Charles, Julie a donc dû accepter l’inacceptable, et dire adieu à l’un des deux. Parfois on se passerait bien de faire partie des mauvaises statistiques, et ce qui est arrivé ce jour-là n’est heureusement pas représentatif de toutes les grossesses multiples. Mais comme il est important de savoir, je vous laisse donc découvrir l’histoire de la naissance d’Antoine et Charles, et celle de Julie, qui aurait dû aujourd’hui les tenir tous les deux dans ses bras.

 

LES TEN TIPS DE JULIE

  1. Suivez votre instinct ! TOUJOURS ! Si vous avez un truc qui vous taraude ou un « pressentiment » allez au bout de votre idée en l’exprimant. Notre instinct nous fait rarement défaut et on a tendance à ne pas assez s’écouter. Communiquez tout ce qui vous semble utile à dire à l’équipe qui vous prend à charge, imposez vous ! Vous êtes celle qui savez le mieux car c’est VOTRE corps, VOTRE bébé ! C’est vous la chef.
  2. Ne retenir que le meilleur : s’il y a un détail ou un élément de votre accouchement qui ne va pas dans le sens où vous vouliez : « qu’importe le flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse disait YSL ! Traduction : peu importe le moyen, l’essentiel est la finalité ! La santé de vous et vos bébés ! Apprenez à être reconnaissante de cet élément très important et trop souvent oublié ! La césarienne sauve des vies et on a tendance à trop la diaboliser.
  3. Le début de l’allaitement est douloureux ? Bébé ne tête pas assez bien ? Avez vous pensé au tire allaitement pour préserver vos seins en attendant ? L’occasion de pouvoir donner à bébé votre lait, stimuler votre lactation et de lui re-proposer le sein plus tard ! Rien n’est figé dans l’allaitement ! (les bébés ont une formidable capacité d’adaptation) j’ai refais un essai au sein 1 mois après la naissance, et banco. Le tire allaitement a été ensuite un choix pour ma part voyant le rythme que j’avais réussi à instaurer, et vu mon contexte personnel, me remettre de cet accouchement difficile en me permettant de passer le relai grâce aux biberons de lait maternel… N’hésitez pas à vous faire offrir un mini tire lait de voyage sur la liste de naissance (Medela double pompage, un gain des temps + le bustier qui est INDISPENSABLE pour pouvoir faire autre chose en même temps ! 😉  ici 4 mois de tire allaitement et ces accessoires m’ont clairement sauvés la vie.
  4. Césarienne ? Pansement occlusif avec crème cicalfate la nuit pendant 1 mois. Épisio ou déchirure ? Demander de la glace à la maternité s’ils ne proposent pas. Pour les cicatrices que ce soit césarienne, épisio ou déchirure (même interne) rapprochez vous d’un cabinet sage femme qui pratique le winback (de la radiofréquence indolore) un formidable outil pour améliorer votre post partum.
  5. Entourez vous bien dans votre post partum surtout s’il y a un deuil… ma gyneco de ville qui me suivait avant ma grossesse m’a recommandé une pédopsychiatre spécialisée en deuil périnatal (je ne savais même pas que ça existait…), faites vous accompagner c’est indispensable. Toutes les mamans qui ont perdu un enfant, l’ont fait, on en est pas moins des guerrières pour autant. Essayez aussi les médecines douces si vous êtes ouverte à l’idée : sophrologie, acupuncture, hypnose, emdr (pour les stress post traumatiques), magnétiseuse…. la règle c’est : on se fait du bien !
  6. Faites un projet de naissance et discutez en avec le conjoint avant de le communiquer à l’équipe ! Il doit être pleinement intégré et au fait de tout ce que voulez ou ne voulez PAS (croyez moi si vous êtes sous anesthésie générale ce sera votre meilleur porte parole s’il est au courant de tout).
  7. Vous faire du bien et prendre du temps pour vous. Ma situation a été très compliquée, j’ai flirté avec la vie et la mort en même temps, car j’avais d’un côté le bonheur et l’occupation d’être maman donc un nouveau statut à endosser et j’avais cette peine immense à gérer, cette impression que tu vas crever de douleur tout en devant me rendre  disponible pour mon autre enfant. N’hésitez pas à laisser votre bebe pour prendre un aprèm massage, shopping, ou une escapade. Vous n’en reviendrez que plus disposée à câliner, pouponner et ce n’est que mieux pour votre bébé. Se faire du bien, ça passe aussi par le fait de se dire qu’on est géniale, c’est le moment de vous envoyer des fleurs et je me félicite aussi très fréquemment de mes petites victoires à présent. C’est important d’être bienveillante envers soi même et tellement dans ces moments là !
  8. Acceptez l’aide de vos proches. Ça les aide eux à se sentir utiles ils en ont besoin car ils se sentent désemparés eux aussi, de voir leur enfant ou leur sœur qui a perdu la moitié de son cœur…  n’hésitez pas à exprimer vos besoins, ce n’est plus le moment de faire des fausses politesses ou d’avoir peur de déranger. Au retour de la maternité nous avons été en « pilotage automatique » tellement au radar et sous le choc… les livraisons de plats déjà préparés de nos parents et amis ont été une bénédiction. Car le quotidien ne s’efface pas même si vous vivez une terrible épreuve et il est nécessaire de vous préserver car c’est un marathon sur le long terme. Vos proches n’ont pas besoin d’avoir forcément des mots (qui peuvent être maladroits! Cf le livre « dans ces moments là » ) de simples gestes ou dire « je suis là » suffisent.
  9. Rapprochez vous de personnes qui ont vécu un truc similaire. Association petite Émilie, Agapa (et leurs cafés rencontres), Souvenange, spama… tant d’assos qui peuvent être une ressource précieuse pour quand vous êtes dans les moments « moins ». N’hésitez pas à essayer un groupe de parole, on se comprend tellement entre « sœurs de douleur »
  10. Lâchez prise. Ce qui m’est arrivé m’a fait prendre conscience que même si j’ai fais attention et en remplissant tous les critères de la bonne élève, je n’ai pas pu empêcher cette déflagration. L’effet papillon a joué un rôle majeur dans la bascule de ma vie. Il aurait suffit que j’accouche la veille ou le lendemain et la situation serait sûrement très différente… Il faut profiter de votre grossesse car elle passe vite, ne vous attribuez pas les histoires des autres (mon accouchement a « stressé » une copine qui accouchait peu de temps après moi) mon témoignage n’a pas pour but d’angoisser les mamans ou futures mamans, il a pour but d’ouvrir la parole sur la perte d’un enfant car on est trop « masquées » par la société, (quoi que le sujet commence à s’ouvrir mais il met mal à l’aise les gens, qui ne savent pas comment réagir bien souvent. ). Je me suis intoxiquée le cerveau à retourner et refaire le film tant de fois dans ma tête. J’espère un jour être totalement en paix avec tout ça, mon fils Antoine étant ma meilleure thérapie.
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