40 ans, 1 PMA & 1 bébé en solo – Delphine

40 ans, 1 PMA & 1 bébé en solo – Delphine

En août 2021, la PMA s’ouvrait aux femmes célibataires, leur offrant ainsi une chance de fonder leur famille en solo. Au même moment, Delphine, 39 ans, venait de se séparer. Elle qui n’avait jamais envisa une vie sans enfant, a vite imaginé ce que l’avenir allait pouvoir lui donner, quitte à revoir le schéma “classique” d’une famille en devant maman solo... 

Je m’appelle Delphine, j’ai 41 ans. 
Je vis à Boulogne-Billancourt mais je suis originaire du Sud de la France où habitent mes parents.  
Ma famille est composée de Juliette, ma merveilleuse petite fille née le 25 novembre 2023 d’une PMA solo réalisée en France, à l’hôpital Cochin. Comme on dit chez Bliss, il faut tout un village pour élever un enfant alors on est très entourées de mes parents, ma sœur, son mari et leurs deux garçons, et une armada d’amis très proches. 

D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais envisagé ma vie sans enfant mais mes relations affectives m'ont conduite à revoir mon projet en dehors du schéma “classique”. 

Après une relation de 4 ans, je me sépare en janvier 2022 de mon compagnon. Nous avions acheté et rénové une très belle maison à Saint-Cloud, et nous étions prêt à fonder une famille, ensemble. Nous avions d’ailleurs initié les choses. Et pour de multiples raisons, j’ai préféré mettre fin à cette relation qui s’avérait bien trop compliquée pour devenir le berceau d’un nouveau foyer. Je ne regrette pas mon choix, j’ai pu me retrouver et être enfin là où je devais être, alignée et bien ancrée.  

Cette relation faisait suite à deux autres grandes histoires... J’ai toujours été bien en couple mais il m’a fallu du temps pour comprendre que pour être bien à deux il fallait d’abord être bien avec soi-même. Finalement, ces presque 20 années de vie  en couple, avec trois hommes différents, m’ont aidée à mieux comprendre ce qui se jouait dans mes relations amoureuses. Il était grand temps pour moi d’enfin casser le schéma de “l’infirmière qui prend soin de l’autre”, de celle qui devient toujours le pilier et le roc à la place de l'autre”.

 

(...) j’ai 39 ans. Je n’ai pas du tout l’envie première de me remettre en couple et je comprends assez vite qu’il faut pour moi envisager de 'faire famille autrement'. 
 

Comme je le disais, quand je me sépare, j’ai 39 ans. Je n’ai pas du tout l’envie première de me remettre en couple et je comprends assez vite qu’il faut pour moi envisager de “faire famille autrement”. Si pour certaines, être maman solo raisonne comme une évidence, je dois bien admettre que ce n’est pas du tout mon projet de départ et il me faut dans un premier temps déconstruire ma vision traditionnelle de la parentalité et cheminer doucement mais sûrement vers cette autre possibilité qui s’offre à moi depuis que la PMA est devenue accessible en France aux femmes célibataires. 

 

(...) la troisième insémination en cycle naturel est la bonne. 

 

En mars 2022, je me rapproche de l’hôpital Cochin où j'ai mon premier rendez-vous en mai de la même année. J’ai eu une chance énorme, merci l’alignement des planètes, sachant que certaines attendent des mois et des mois. Après deux rendez-vous avec le biologiste du Cecos*, puis deux rendez-vous avec le gynécologue PMA et enfin deux rendez-vous avec la psy sur les 6 mois qui suivent ma première prise de contact avec le centre, je peux démarrer les essais en janvier 2023. Et la troisième insémination en cycle naturel est la bonne, je tombe enceinte le 29 avril de la même année, j’ai 40 ans et beaucoup de chance.  

 

La pré-éclampsie est confirmée et a entraîné un léger retard de croissance de mon bébé. 

 

Après une grossesse idyllique, une tension élevée de 15,8 alerté ma gynécologue à mon rendez-vous du septième mois. On me diagnostique alors une pré-éclampsie. Ma grossesse devient alors super médicalisée et je suis surveillée comme le lait sur le feu : monitoring, prises de sang et analyses d’urines régulières. Quatre jours se passent et mes protéines dans les urines ne sont pas bonnes. Je suis hospitalisée durant 3 jours pour qu’on analyse de près ce qu’il se passe, pour moi et ma petite. Ma troisième et dernière échographie est avancée et le diagnostic de la pré-éclampsie est confirmée et a même entraîné un léger retard de croissance de mon bébé avec des échanges placentaires entre elle et moi insuffisants. Ma clinique n’étant que de niveau 2, il est donc décidé de me transférer dans un hôpital de niveau 3 pour éviter d’avoir à me séparer de mon bébé à la naissance.  

Me voilà donc transférée un dimanche soir de novembre (glauque), dans un très grand hôpital de Paris qui a des allures de ville dans la ville avec des routes et des panneaux de signalisation. Le transfert se fait en Samu, c’est une première pour moi (et j’espère ma dernière). Mais comme ce n’est pas tous les jours que l’on vit cette expérience alors je profite de la “balade”. Il faut dire qu’à ce moment-là, je vais très bien et à part une tension élevée et des analyses d’urines pas terribles, je me sens très bien. J’atterris aux urgences gynécologiques, on me refait toute une batterie de tests pour créer mon dossier (monitoring, échographie, prise de tension pour la énième fois de la journée). Il est 19h et j'attends qu’on me monte dans ma chambre... 23h, ça y est je suis installée, après avoir assisté à un accouchement en urgence d’une maman qui souffrait manifestement le martyr et qui poussait des cris de bête... j'espère que ce n'est pas un présage pour mon futur accouchement...

Pendant une semaine, je vois médecins, sage-femmes, infirmières, psy. Bref, une vraie armée de soignants bienveillants qui sont aux petits soins pour moi. Je tiens d’ailleurs à préciser que même en étant passée d’une petite clinique privée à un immense hôpital public, je suis rassurée d’être entre leurs mains. Chaque jour est rythmé par des monitorings matin et soir, des prises de tension 3 fois par jour et des analyses d’urines sur 24h ce qui veut dire : faire pipi dans une bouteille... (Ô joie de la praticité, des odeurs, beurk !).

 

Ma fille va être prématurée mais nous ne pouvons plus cohabiter dans le même corps (...) 
 

Le vendredi, au cinquième jour de mon séjour, je manque d’être déclenchée après une chute de mes plaquettes. J’ai eu chaud et je dois me préparer à ce que mon accouchement soit déclenché parce que mes organes commencent à être touchés les uns après les autres : les reins, le foie et je me dirige tout droit vers un HELLP syndrome**. Ma fille va être prématurée mais nous ne pouvons plus cohabiter dans le même corps, il est temps pour l’une et l’autre de nous rencontrer... 

 

 

Le matin de mon accouchement, je fais un malaise et je me casse la malléole externe de la cheville gauche. Deux jours seulement après avoir donné naissance à Juliette, par césarienne, je suis opérée pour la pose d’une plaque. Je suis plâtrée pendant 6 semaines et je dois me déplacer en fauteuil roulant parce que je n'ai pas le droit d’utiliser mes abdos après ma césarienne. Le cauchemar à première vue ! Et, en réalité, ça m’a beaucoup appris sur moi, sur ma force de caractère et mon éternel optimisme ! Juliette, qui est alors née prématurément et qui est dans le service de néonatalité, est un excellent dérivatif. Du coup, je n’ai mal ni à la cicatrice de césarienne ni à ma cheville.  

Il faut absolument que je puisse remarcher une fois le plâtre enlevé, je n’ai pas le choix, parce que Juliette va avoir besoin de moi. Alors pendant toute son hospitalisation, je prépare mon corps et mon esprit. Et la nature est vraiment bien faite parce que le corps a suivi et j’ai pu remarcher le soir même du retrait du plâtre.  

 


 

En découvrant ma nouvelle vie de maman solo, j’apprends qu’il faut savoir demander de l’aide et accepter sa vulnérabilité. Je suis au départ dans une situation chaotique à cause de ma cheville, sans possibilité de bouger, ce qui ne me laisse pas d’autre choix que d’accueillir ma mère pour qu’elle vienne s’installer chez moi pendant toute cette période (un immense merci à elle). C’est le premier enseignement de ma vie de maman solo : devoir faire face à des impondérables et apprendre à certains moments à lâcher prise, admettre ne pas être une warrior et reconnaître qu’être entourée peut apparaître essentiel à certains moments de son existence.  

Après, l’énorme avantage de la prématurité et de la neonat’ (heureusement, il en faut bien un) c’est que quand je rentre à la maison avec Juliette, on déjà beaucoup partagé, je la connais déjà très bien, la phase d’apprentissage et de découverte de chacune est finalement déjà acquise. Les interactions sont beaucoup plus intenses et cela me permet d’avoir confiance et de lui faire confiance, à elle, beaucoup plus rapidement Et ça, c’est assez magique ! Il faut dire que les bébés prématurés sont de vraies forces de la nature et des petits guerriers. Ma Juliette s’est débrouillée comme une championne pendant toute son hospitalisation, elle a attendu que je sois mobile et que je puisse l’accueillir pour être prête, elle aussi, à rentrer à la maison. En fait, on a avancé en parallèle et je trouve ça assez fabuleux de voir à quel point on a pu être en symbiose. Elle m’a démontré qu’on est une merveilleuse team toutes les deux. Juliette, tu fais mon bonheur alors merci d’être ce que tu es, je t’aime si fort !!!

 

 

Ma fin de grossesse est partie dans le décor (on ne va pas se mentir), mais même si je le pouvais, je crois que je ne changerais rien parce que c’est ce qui fait que notre histoire avec Juliette est si singulière, c’est la nôtre et elle nous constitue.  

 

Les tips de Delphine 

Se faire confiance et faire confiance à son bébé. 
Une mère est la mieux placée pour savoir ce qui est bon pour son bébé.  
Donner tout son amour paraît probablement convenu mais c’est déjà beaucoup et c’est sûrement l’essentiel ! 

La pensée freestyle de Delphine  

J’ai juste envie de rendre hommage à Bliss, en citant « Long live the bliss » parce que finalement c’est ça la clé ! 

 

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Si ce témoignage témoignage maman solo t’a éclairée ou aidée, et que tu aimerais toi aussi nous partager ton histoire pour transmettre, à ton tour, ton expérience de la maternité et ton savoir, écris-nous   

*Les CECOS sont des centres qui regroupent plusieurs professionnels de santé qui mettent en oeuvre notamment le don de gamètes et d’embryons. Pour en savoir plus, c'est par ici.
** Une complication grave de la pré-éclampsie qui nécessite de déclencher l'accouchement.

 

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