Quand les “fausses couches” successives se révèlent être des blessures transgénérationnelles

Quand les “fausses couches” successives se révèlent être des blessures transgénérationnelles

En 9 mois, Constanza a vécu trois arrêts spontanés de grossesse qui lui ont brisé le cœur en morceaux. Il y a eu beaucoup de tristesse et de colère, et puis le désir de tenter de comprendre pourquoi ça ne marchait pas pour elle ? Son cheminement l'a amenée à se questionner sur sa mémoire familiale et ce que ses ancêtres disent d’elle. Elle a débuté alors un voyage à travers sa lignée maternelle, exploré ses héritages émotionnels, ces blessures, traumas et blocages non résolus qu’on lui a transmis inconsciemment. Et par ce qu’on appelle l’analyse transgénérationnelle, elle s’est libérée de toutes les tempêtes intérieures qui ne lui appartenaient pas entièrement, et a enfin accueilli son premier enfant. 

" Je m’appelle Constanza et je suis née en Argentine.  
J’habite en France depuis 2015 où j’étais venue comme jeune au pair et je suis restée car j’aime ce pays et parce que j’y ai rencontré l’amour... 
Je suis directrice artistique et je travaille comme graphiste. 
Ma famille est composée de mon mari Emmanuel, d’Alan notre bébé arc-en-ciel de 9 mois et de notre chien Boneca.

2016. Je suis jeune fille au pair dans un village, en Picardie, et je dois alors prendre une décision : rester une année de plus en France ou rentrer chez moi, en Argentine. L’amour a fait le choix pour moi... Je rencontre Emmanuel le 1er janvier (impossible de rater notre date d’anniversaire) après avoir parlé avec lui, un peu sur Tinder. Très vite, je me sens en sécurité avec lui et je sais que je peux lui faire confiance.  Nous nous marions quatre mois plus tard ! 

temoignage blessures transgénérationnelles fausse couche

 

2021. J'ai 29 ans et je viens de finir mes études. Jai obtenu mon master en direction artistique et je commence à travailler. Nous sommes mariés depuis 6 ans avec Emmanuel et, au fond de moi, je sais, c’est le moment de fonder notre famille. Je me sens prête à écrire ce chapitre de notre vie avec lui 

 

(...) on m’annonce une “grossesse non évolutive”, (...) mon monde s’écroule et mon cœur est en morceaux.  

 

Je me renseigne alors sur comment fonctionne le cycle d’une femme, je commence à lire des blogs comme celui de Bliss. Je suis chanceuse car je tombe enceinte rapidement et je le devine même avant d’avoir le test positif entre les mains. Je pleure de joie quand je vois le “ + “. Tout de suite, je calcule... je dois accoucher en décembre, pour Noël, et je commence dès le début à acheter des petits cadeaux pour mon bébé. Et puis, lors de la première échographie de contrôle, à 7 SA, on m’annonce une grossesse non évolutive”, un œuf clair qui se finit en « fausse couche », une semaine plus tard. Mon monde s’écroule et mon cœur est en morceaux. Au même moment, Emmanuel quitte son CDI pour se lancer dans son propre projet professionnel et sa tête est ailleurs. Je me sens alors tellement seule dans mon deuil. Toute ma famille est à 11000 km de là. J’ai avec mes parents, mon frère et ma sœur, des liens très forts. Je suis l’aînée et, même si j’ai parfois eu du mal à trouver ma place et que tout n’était pas parfait, j’ai toujours été entourée d’amour. Leur présence et leur compagnie me manquent alors beaucoup. Mais je suis une personne très résiliente, je m’accroche, je consulte des gynécologues qui me disent que c’est fréquent, que cela arrive et qu’il faudra réessayer quand nous serons prêts. De mon côté, je continue d’acheter des petites choses pour ce bébé qui, je sais, va finir par arriver. Et je retombe à nouveau enceinte assez rapidement ! La joie à nouveau, la peur aussi après avoir connu cette première déception énorme avec cette grossesse arrêtée... Je ne veux pas vivre ça à nouveau. 

Le sentiment d’injustice est aussi fort que ma tristesse. “ 

 

Octobre 2022. Mon anniversaire approche. Ma mère et ma sœur arrivent pour fêter mes 30 ans alors que ça fait trois longues années que nous ne nous sommes pas vues. Mais, ce jour-là, j’apprends aussi l’existence d’un deuxième œuf clair, 5 mois après le premier arrêt spontané de grossesse. Je sens qu’Emmanuel est triste lui aussi, mais il ne montre pas ses émotions, ce qui est très déstabilisant pour moi. Heureusement, cette fois, ma mère et ma sœur sont là, leur soutien et leur présence sont très précieux, même si la douleur reste insupportable pour moi... On me parle encore de la “mauvaise chance qui s’acharne. Je me demande surtout : pourquoi, moi ? Pourquoi mes amies tombent-elles enceintes et vivent 9 mois de joie, et pas moi ? Le sentiment d’injustice est aussi fort que ma tristesse. 

Je demande à faire des examens complémentaires dont un spermogramme pour Emmanuel, et nous décidons ensemble d’entamer une thérapie de couple car nous en ressentons l’un et l’autre le besoin. Ça nous demande alors beaucoup d’énergie et une remise en question permanente, mais ça aide à mieux communiquer, à mieux nous comprendre, à vraiment nous écouter l’un et l’autre, et à réagir plus intelligemment. Après cette thérapie, on se découvre sous un nouvel angle, et notre couple est plus soudé, plus stable. 

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Noël 2022. Une troisième grossesse arrive et nous partons alors en Italie, pleins d’espoir. À la première échographie, cette fois-ci, j’entends le cœur battre de notre petit miracle et c’est le plus beau son du monde, le son de l’espoir. Et puis lors d’une échographie de contrôle, après avoir eu des saignements, je découvre que ce même cœur qui battait avec le mien s’est arrêté. À ce moment, je n’ai pas les mots pour décrire ma douleur, ma tristesse, ma colère et ma frustration, et combien je ressens de l’injustice vis-à-vis de mes amies enceintes, voire de la jalousie. C’est si dur de vivre 3 “fausses couches” successives en 9 mois (ironie du sort)... Surtout que les médecins me répètent : « c’est de la mauvaise chance », « continuez à essayer »... Mais où trouver la force ? J’ai si peur de continuer à enchaîner les grossesses qui s’arrêtent... 

Pour ma dernière grossesse stoppée spontanément, je dois subir une opération pour nettoyer mon utérus des résidus qui ne se sont pas évacués naturellement. Après cette épreuve, j’essaye de retrouver goût à la vie, de voyager. Mais je l’avoue, je suis épuisée. J’essaie de retrouver un emploi à Paris comme graphiste, sans succès. Je me force à sortir et à voir du monde, mais rien n’a de saveur. Emmanuel est présent pour moi, il me soutient. On décide de mettre sur pause notre projet de famille, le temps de quelques mois... 

 

J’explore donc ma mémoire familiale (...) je découvre que des événements douloureux se répètent dans ma lignée maternelle, notamment des fausses couches et des deuils non résolus (...) Cela m’aide à comprendre que certaines souffrances ne m’appartiennent pas entièrement. “ 

 

Ces arrêts spontanés de grossesse me questionnent et je commence à me renseigner sur la mémoire familiale et ce que nos ancêtres disent de nous. J’y suis sensibilisée par ma mère qui s’y intéresse elle aussi depuis longtemps. On appelle ça l’analyse transgénérationnelle. C’est une approche qui étudie les transmissions inconscientes à travers les générations. Elle permet de comprendre comment certains schémas, traumatismes ou blocages se répètent dans une famille et influencent notre vie, nos choix, notre santé, sans que nous en ayons conscience. J’explore donc ma mémoire familiale et les schémas répétitifs à travers différentes pratiques, comme la psychogénéalogie, la méditation et la thérapie énergétique. La psychogénéalogie est une approche qui explore l'influence de notre arbre généalogique sur notre vie actuelle. Concrètement, une séance ressemble un peu à une psychothérapie classique, mais avec un focus particulier sur l'histoire familiale. On travaille souvent à partir d'un d'arbre généalogique pour identifier les répétitions ou les blocages transmis.  Quant à la thérapie énergétique, elle se concentre sur l'équilibre des énergies du corps. Elle part du principe que nos émotions, nos pensées et nos expériences peuvent influencer notre champ énergétique, provoquant parfois des blocages responsables de mal-être ou de troubles physiques. Une séance varie selon le praticien ou la praticienne, mais elle peut inclure des soins par les chakras, des visualisations ou encore des techniques comme le magnétisme. C’est une approche plus subtile, parfois très douce, où le praticien ou la praticienne travaille souvent avec les mains pour rééquilibrer les énergies. Pour ce qui est du praticien ou de la praticienne, j’ai déjà vu des psychologues qui, tout en ayant une base classique, abordent les émotions et les maladies sous l'angle de leur origine émotionnelle. Ces séances ressemblent à une psychothérapie classique mais les discussions creusent davantage le lien entre les émotions profondes et les manifestations physiques. Après, il y a des praticien.ne.s plus spirituel.le.s... certains se connectent aux archives akashiques, une sorte de "mémoire universelle" qui contiendrait les expériences passées, présentes et futures de chaque âme. Ce type de séance est plus intuitif et vise à obtenir des réponses ou des clés de compréhension sur certains blocages ou situations. En fait, si je devais résumer, je dirais que ce sont des approches qui explorent le lien profond entre émotions, corps et héritage familial ou spirituel, chacune avec ses outils et ses sensibilités.   

En tout cas, ce chemin me permet de mettre en lumière des blocages inconscients et de mieux comprendre certains événements de ma vie, notamment mes interruptions de grossesse. Je découvre que des événements douloureux se répètent dans ma lignée maternelle, notamment des fausses couches et des deuils non résolus. Cela m’aide à comprendre que certaines souffrances ne m’appartiennent pas entièrement, mais qu’elles font partie d’un héritage émotionnel transmis inconsciemment. C’est comme ça, en discutant de mes recherches avec ma mère, que je découvre qu’elle a elle-même vécu 3 “fausses couches”, ce qui n’a fait que renforcer notre lien. 

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Puis
après les tempêtes, l’histoire nous donne un bébé arc-en-ciel... J’ai tellement peur que tout s’arrête que j’ai du mal à y croire. Je compte les jours, les moments-clés qui passent, les échographies... Mon ventre, lui, ne sort pas, jusqu’au notre baby moon, notre voyage en amoureux en Écosse ou je lâche prise. Là, mon ventre sort, je ne peux plus fermer mon jean et je commence même à sentir les mouvements de mon bébé. 
 

 

“ D’avoir analysé mes blessures transgénérationnelles et mon héritage émotionnel, ça m’a permis de mieux me connaître, de développer une relation saine avec mon corps et mon esprit. “ 

 

Dans ma maternité, il y a un avant et un après, et une partie de moi est morte à chaque arrêt spontané de grossesse, je ne suis plus là même personne. Mais d’avoir analysé mes blessures transgénérationnelles et mon héritage émotionnel, ça m’a permis de mieux me connaître, de développer une relation saine avec mon corps et mon esprit. Je suis une femme plus forte, plus sensible. Je suis encore sur un chemin de guérison, j’ai encore beaucoup à découvrir et à travailler, mais mon objectif est de débloquer certains schémas pour transmettre à mon bébé des choses positives plutôt que des fardeaux qui ne lui appartiennent pas. " 


Les tips de Constanza 

Apprendre à écouter son corps.
Ne pas hésiter à entamer une thérapie axée sur le décodage biologique, la mémoire familiale et les blessures transgénérationnelles avant de penser à fonder une famille.
Travailler en équipe avec son compagnon, de s’écouter mutuellement.
De croire en soi, toujours. 

La pensée freestyle de Constanza 

Tout est caché en nous, notre force, nos peurs, nos sentiments… L’espoir nous fait avancer et notre capacité à apprendre et à ne pas lâcher nous donne les moyens de surmonter les obstacles qui laissent toujours un apprentissage. Je veux dire merci à mes trois premières grossesses qui étaient synonymes d’espoir, de rêves, d’amour. Et merci à cette vie-âme qui est venue sur terre nous ensoleiller depuis février pour nous apporter de la joie. 

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Crédit photo de couverture : aurelieb.photographie
Crédit shooting grossesse : Anaïs Desmaret

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