Césarienne d’urgence : quand la bienveillance des soignants fait toute la différence - Kim

Césarienne d’urgence : quand la bienveillance des soignants fait toute la différence - Kim

La césarienne d’urgence et son fameux "code rouge" font basculer l’accouchement dans une autre dimension, parfois traumatisante. Mais le scénario "catastrophe" est loin d'être une fatalité. Pour Kim, la présence de soignants bienveillants, respectueux de son projet de naissance et attentifs à son bien-être et à celui de son bébé, pendant et après la césarienne, lui a inévitablement permis de mieux traverser et accepter cet événement intense et non sans conséquences. 

" Je m’appelle Kim, j’ai 31 ans. 
Je viens de Bordeaux et je suis manager commercial dans le prêt-à-porter.  
Ma famille est composée de mon compagnon Quentin, de notre fille Charlie, née le 1er janvier 2025, et de notre chat Sirius. 

2018. Avec Quentin, on se rencontre dans un bar ! Et ce qui devait être un coup d’un soir s’est avéré être l’homme de ma vie... Avoir un enfant avec lui devient très vite une évidenceMais je veux prendre mon temps et puis, l'année dernière, en 2024, on se lance !

 

 

La première personne à me parler de Bliss, c’est ma kiné. Je suis alors au début de ma grossesse et je découvre à peine tout ce que la maternité implique. Lors de notre premier échange, je lui apprends ma fausse couche quelques mois plus tôt. Elle comprend très vite que cette interruption spontanée de grossesse m’a profondément marquée et c’est comme ça qu’elle me parle de Bliss et de plusieurs autres podcasts qui pourraient m’aider à surmonter ce deuil et à accueillir plus sereinement ma grossesse en cours. 

31 décembre 2024. Mon bébé de Noël n’est toujours pas arrivé... Bon, j’exagère un peu... mon terme est prévu pour le 3 janvier, mais je rêvais tellement d’avoir le meilleur des cadeaux sous le sapin ! 

Je me lève doucement, je calme ma fringale avec des céréales et je me rends compte que je perds quelques goûtes de sang. ”  

31 décembre, 03h45. Je suis réveillée par des contractions douloureuses. Ça y est, je le sens, ça commence, j’en suis sûre. Je me lève doucement, je calme ma fringale avec des céréales et je me rends compte que je perds quelques goûtes de sang. J’appelle la maternité, mon interlocutrice me dit de venir aux urgences si les saignements ne sont pas passés d’ici quelques heures. Je finalise les valises, range l’appartement 

08h00. Je laisse Quentin dormir, je veux qu’il se repose, j’aurai besoin de toute son énergie et de son soutien tout à l’heure. De mon côté, je tente de me rendormir un peu mais la sieste est mitigée, je suis réveillée par quelques douleurs. Mais ça va. 

10h00. Quentin se réveille et les paris sont lancés ! J’accoucherai en 2024 ou en 2025 ? Comme je désire un accouchement physiologique, j’espère quand même que ça va aller vite... La journée passe, on part marcher, je monte des escaliers, je fais des squats, les contractions sont toujours là mais moins douloureuses. J’espère que ce n’est pas encore un faux travail.  

15h00. On rentre à la maison et j’ai toujours quelques saignements. Malgré ça, je me sens bien. Je n’ai pas envie d’aller à l’hôpital, je suis sûre qu’ils finiront par me renvoyer chez moi si j’y vais, et puis j’ai envie d’entamer le travail à la maison, dans mon cocon. Cela dit, je ne suis pas complètement rassurée alors je rappelle la maternité : " Il faut venir maintenant si vous avez des saignements." Bon ok, on ne prend rien avec nous mais on y va ! 

16h00. On arrive à l’hôpital, le CHU de Bordeaux. On attend aux urgences 3 heures pour que je sois auscultée. C’est long, on s’ennuie, on se tracasse. Dans la salle d’attente des urgences, je me demande ce que je fais là… Puis une sage-femme arrive et, après une interminable auscultation, le verdict tombe : la poche des eaux est fissurée, il existe un risque d’infection, je dois être hospitalisée.  

19h00. Mon col est dilaté à 2 mais si le travail ne commence pas tout seul, je serai déclenché. C’est la douche froide... Je n’ai jamais été hospitalisée, je ne veux pas rester ici, surtout pas sans Quentin ! Comme la maternité est pleine, la sage-femme, qui voit la peur dans mes yeux, part réserve une des dernières chambres individuelles. Ouf ! Quentin va rester près de moi. Alors qu’il part chercher les affaires restées chez nous et qu’on me redirige vers la salle d’attente, en attendant d’être transférée en chambre, les contractions reviennent de plus belle !  

Je me repose totalement sur Quentin. Ma lumière brille grâce à lui et je puise mon courage dans ses encouragements. Il est mon phare dans la tempête. Sans lui, je ne tenais pas.  

22h00. J'entre dans ma chambre, ENFIN. On commande à manger. Les contractions s’intensifient et ça commence à être difficile de cacher ma douleur. On s’installe rapidement, je demande un ballon et nous voilà prêts à mettre en place tout ce que nous avons appris pour accompagner Charlie à naître, de la plus douce des manières. Ballon, marche à pied, montées et descentes d’escaliers (parfois même en trottinant). Je lance ma playlist de sons graves, on écoute mes cours d’hypnose, on danse, Quentin est incroyable, il me parle, me soutient, m’apaise, me câline, m’écoute et me calme. Il me guide et me rassure. Cette nuit-là, je dors 40 minutes. Je parcours l’hôpital en long, en large et en travers. Je pleure, je souris, je doute, je danse encore, je pense abandonner” puis je me ressaisis. Je me repose totalement sur Quentin. Ma lumière brille grâce à lui et je puise mon courage dans ses encouragements. Il est mon phare dans la tempête. Sans lui, je ne tenais pas. 

 

 

1er janvier, 08h00. Je reçois la visite de la sage-femme, le verdict tombe et me fracasse : mon col est toujours dilaté à 2cm, rien n’a bougé, sauf moi, toute la nuit. Épuisée, j’accepte de prendre un antalgique par intraveineuse. Quelle idée de merde, j’ai envie de vomir, j’ai toujours mal et je me sens défoncée. La control freak que je suis n’aime pas du tout cet état et cette sensation d’être à l’ouest. Sans conviction ni envie, je prends le petit-déjeuner qu’on m’apporte : 4 biscottes avec du beurre, ça suffira. Quentin ne prend rien, il reste près de moi. 

11h00. Mon col est à 4, hourra !!! Ça avance doucement mais sûrement. On descend en salle de travail avec ballon, lampe de sel, plaid pour que Quentin m’aide à me suspendre et à m’étirer. Je suis sereine, je me dis que tout va s’accélérer. Je prends une douche, j’essaie de me détendre. Je refais un coup d’hypnose, ça va aller vite, on y croit ! Je suis prête, j’ai tout fait pour que ça se passe bien. Si la douleur est trop intense ou que je fatigue, j’ai enregistré des dizaines de vidéos pour rester motivée et j‘ai même fait un album de photos d’accouchement sur Instagram. J’ai les clés pour accélérer la dilatation et faciliter l’accouchement. Et puis j’ai Quentin, je suis prête, nous sommes prêts. On y est maintenant. Aucune frayeur, seulement de la douleur et de l’impatience. L’équipe nous accueille avec beaucoup de douceur. Sandy, la sage-femme, et une auxiliaire puéricultrice (dont j’ai malheureusement oublié le prénom), sont à notre écoute et nous rassurent. Soulagée d’être accompagnée par une équipe bienveillante, je me sens bien, je suis confiante.

Pendant les contractions, les seuls moments d’apaisement sont ces quelques secondes durant lesquelles je plaque mon visage contre le sien. Là, je ne sens plus la douleur, uniquement sa présence. “

16h00. Mon col est dilaté... à 5... Après avoir tenu bon, bougé, m’être étirée et avoir souffert depuis 5 heures dans cette salle, rien ne bouge ! Mais c’est une blague !? Là, je n’en peux plus, je sens mon corps et mon esprit faiblir, ma volonté s'amoindrir et la douleur, elle, de plus en plus insoutenable. La fatigue et la faim n’arrangent rien ! Quentin ne me lâche pas une seconde, il est hyper présent. Pendant les contractions, les seuls moments d’apaisement sont ces quelques secondes durant lesquelles je plaque mon visage contre le sien. Là, je ne sens plus la douleur, uniquement sa présence. Son soutien et sa force me rassurent et je ressens un amour débordant pour lui et notre bébé qui va bientôt naître. Mais les douleurs sont de plus en plus insoutenables, je n’ai presque pas mangé depuis deux jours et dormi moins de 4 heures. Je vais défaillir ! Je veux que ça s’arrête, je ne peux plus encaisser la douleur, c’est trop pour moi. Je ressens les contractions dans le dos, les hanches et même les jambes. Une douleur lancinante qui me broie de l’intérieur et qui de toute évidence n’accélère pas le travail. Je commence à douter. À ce moment-, Sandy nous prévient que notre bébé va probablement arriver après 19h, ce qui veut dire nouvelle équipe... Enième coup de massue. Cette annonce me tend, me stresse. Je me vois encore souffrir pendant des heures et je ne sais même pas qui va m’accoucher. La nouvelle équipe sera-t-elle aussi bienveillante que la précédente ? En attendant, Sandy me félicite et me dit que je fais de l’excellent travail. Elle me parle à nouveau de la péridurale, nuance ses effets et me rappelle que le plus dur va arriver. Il ne faudrait pas que je me batte jusqu’à l’épuisement avant d’entamer la poussée. Epuisée, je regarde Quentin et, pour la première fois, je pense très sérieusement à accepter la péridurale. Quentin joue son rôle pleinement, il essaie de m’aider à me " ressaisir ". Ce moment-là, cette phase de désespérance et de doutes, on l’avait prévue. Mais là, trop de temps s’est écoulé depuis le début du travail et il comprend que je suis vraiment à bout de forces. C’est la bonne décision à prendre. On rappelle l’équipe et, pour mon plus grand bonheur, l’anesthésiste arrive rapidement et me libère de ma douleur. 

19h00. Je me relâche, je me repose enfin, je sens pour la première fois cette sensation étrange de jambes cotonneuses. C’est bizarre mais bien plus agréable que la douleur. Je retrouve soudainement mon sourire et ma joie. Mais je me sens vidée de toute mon énergie, je m’autorise donc à fermer les yeux et je m’assoupis. Quentin en profite pour rentrer rapidement à la maison prendre des affaires et nourrir notre chat Sirius.  

19h05. S’en suit l’arrivée de celles que j’appelle “mes bonnes fées : Charlie, Alix et Alisson qui nous accompagneront dans ce qui va s’avérer être le pire et le meilleur moment de nos vies. Elles sont très cool, ça me rassure, je me détends et je les accueille avec joie et sans douleur ! Les heures défilent et le travail progresse... 8 puis 9. Je pourrais commencer à pousser mais la tête de Charlie est mal positionnée, elle se présente par l’oreille. On choisit d’attendre qu’elle redresse sa tête, toute seule. 1 heure, 2 heures, ça n’en finit pas ! On commence à se demander si je ne vais pas accoucher le 2… 

Alix se tourne face à moi, me regarde dans les yeux et me dit : « je suis désolée, vous n’allez pas accoucher comme vous le souhaitez ». “ 

22h00. Alix, la sage-femme, et Alissonl’auxiliaire puéricultrice, arrivent à convaincre Quentin, qui n’a rien avalé depuis la veille, d’aller se chercher à manger. Il part et Alix revient examiner la position de Charlie et décide de faire une échographie avec une obstétricienne. Après l’écho, elle est d'avis d’aider Charlie à tourner sa tête. Elle me demande de commencer à pousser. Je m’exécute, un peu perdue car Quentin n’est toujours pas revenu. Pourquoi ne pas l’attendre ?! (J’apprendrai plus tard que les battements de cœur de Charlie n’étaient pas réguliers, raison pour laquelle le plan a changé). Perdue et fatiguée, je me laisse guider. Et puis, à ce moment-là, Alix, la sage-femme, a déjà toute ma confiance. Je pousse à de nombreuses reprises et puis tout bascule : Alix, la main à l’intérieur de moi, touchant la tête de mon bébé, s’adresse à Alisson : "Préviens-les qu’ils doivent se préparer pour une césarienne d’urgence pour cause de procidence du cordon*. " Alisson part aussitôt. Alix se tourne face à moi, me regarde dans les yeux et me dit : « je suis désolée, vous n’allez pas accoucher comme vous le souhaitez ». Elle me promet qu’elle restera avec moi jusqu’à la fin et que ça va aller. Elle m’informe qu’une dizaine de personnes va entrer dans la chambre, ça va aller vite, c’est impressionnant mais elle va rester avec moi. Je dois lui faire confiance. Dans un élan de lucidité, je demande à Alisson d’appeler Quentin, je ne peux pas faire ça sans lui. Et puis il ne peut pas revenir dans cette chambre blindée sans être prévenu, il va être choqué, je ne veux pas lui faire vivre ça. Alisson sort l’appeler.  

22h47. Quentin est à 200 mètres de l’hôpital, Alisson lui dit de courir, il jette son sandwich et tape un sprint. Je n’oublierai jamais ce moment où je croise son regard à l’autre bout du couloir, moi sur le brancard, une dizaine de personnes autour, me conduisant au bloc. Je vis cette scène au ralenti, partagée entre l’envie d’hurler à Quentin que j’ai besoin de lui et la volonté de le rassurer. Il est tellement pâle, inquiet et désemparé, ça me brise le cœur de ne pas pouvoir lui prendre la main. 

On me demande plusieurs fois si je ressens de la douleur quand on pince la peau de mon ventre. Oui, je ressens tout ! J’ai tellement peur de sentir le scalpel lacérer ma peau, j’ai peur de souffrir et puis j’ai peur pour Charlie. 

Je rentre au bloc, tout le monde prend le temps de se présenter, même si tout va vite, extrêmement vite. Je reste scotchée devant cette ébullition et ma préparation pour cette césarienne d’urgence. Je n’ai jamais été opérée, rien ne m’est jamais arrivé, je suis tétanisée. On me demande de respirer dans un masque et on me pose une seconde péridurale pour éviter d’avoir à m’endormir. Je suis en hypothermie, je me gèle, je suis sous le choc. J’ai peur, tellement peur que mes bras bondissent à plusieurs centimètres de la table à cause de mes tremblements. Je claque des dents et mes larmes continuent de couler. On me demande plusieurs fois si je ressens de la douleur quand on pince la peau de mon ventre. Oui, je ressens tout ! J’ai tellement peur de sentir le scalpel lacérer ma peau, j’ai peur de souffrir et puis j’ai peur pour Charlie. J’ai l’impression qu’on me pose la question 10 fois et que ça dure une éternité. On me repose la question et je réponds pour la millième fois que : “oui, je ressens le pincement, que c’est douloureux. Puis j’entends : « on ne peut plus attendre » alors je réponds : « allez-y ! ». L’idée de sentir la lame couper ma chair me semble soudain un détail, peu m’importe si je dois souffrir, sauvez ma fille ! La coupure tant redoutée arrive... miracle, je ne sens rien, absolument rien ! En revanche, je sens qu’il se passe quelque chose à l’intérieur de mes entrailles mais aucune douleur associée. Premier soulagement. Le temps passe, me paraît très long, même si ça ne dure en réalité que quelques minutes. La chirurgienne récupère Charlie et la confie aussitôt aux pédiatres en alerte. Je n’entends rien, pas de pleurs. Je n’ose pas parler, je me vois mourir et je n’ose pas demander si elle va bien. Tout est très flou et le restera, je pense. On me dit que Charlie va bien, qu’elle est avec son papa. Mes larmes coulent, mais plus pour les mêmes raisons. Je suis tellement soulagée et reconnaissante.  

" j’écoute l'équipe de soignants me parler de mon bébé. "

Les quelques minutes pendant lesquelles on me recoud me paraissent une éternité. Je ne sais pas pourquoi j’ai cette peur de mourir. Je n’ose pas demander si tout se passe bien. Je reste silencieuse et j’écoute l'équipe de soignants me parler de mon bébé. Alisson revient avec une photo, je regarde son téléphone et pose mes yeux pour la première fois sur mon enfant à travers cet écran. Je pleure, je me relâche. Elle me raconte la plus belle des histoires : quand Quentin est entré dans la pièce et qu’il a croisé le regard de Charlie, elle a poussé son premier cri. Ensuite il a posé sa main sur sa tête et elle s’est calmée. Je pleure enfin de joie. Elle me raconte aussi que quand Quentin l’a entendue crier, il a dit : « c’est bien elle, elle a la même énergie que sa mère ! ». Je m’autorise à sourire et je savoure ce moment et toutes ces belles images. On me dit qu’on va me l’apporter en salle de réveil et je ne pense plus qu’à ça. La césarienne d’urgence se termine, elle aura finalement durée moins de 15 minutes mais m’a semblé durer des heures. Dans la salle de réveil, je me revois regarder durant de longues heures la porte de ma chambre avant de voir débarquer dans les bras du meilleur papa du monde, celle qui allait chambouler ma vie ! 

Je me souviens de la bienveillance d’Alisson, ma sage-femme, de la mise au sein et d’avoir beaucoup de lait, du bruit de la machine à laquelle je suis branchée, de l’auxiliaire qui me met mes bas de contention, de mon bébé et de mon amour qui repartent tous les deux après ce rapide moment de douceur. Je garde en tête tout cet amour qui remplit la pièce, de l’émotion entre nous trois, de mon impatience de les retrouver à l’instant même où ils quittent la chambre.

 

 

Je m’étais tellement préparée à accoucher par voie basse que la possibilité d’une césarienne ne m’a jamais traversé l’esprit. Je ne m’étais donc pas du tout renseignée sur la rééducation après une césarienne d'urgence. Je n’avais aucune idée de l’impact qu’elle aurait sur mon corps et dans mon esprit. D'ailleurs, le lendemain de mon accouchement, dès 10h, je fais déjà les 100 pas dans le couloir… Ce que je regrette tout de suite amèrement...

On décide donc avec Quentin qu’il est préférable qu’il prenne la totalité de son congé parental dès le retour à la maison, pour m’éviter des efforts physiques. Les premiers jours, j'ai peur de ma cicatrice, j’ose à peine l’effleurer pendant la douche. Je suis dégoutée à l’idée de la toucher (je le suis toujours un peu). Et puis je suis terrorisée à l’idée d’éternuer ou de tousser. J’ai une peur panique que ma cicatrice s’ouvre à cause d’un geste brusque.  Mais je fais les exercices des Kinés du Cocon, spécialisées dans la périnatalité. D’ailleurs je les remercie car leur suivi avant et après l'accouchement m'a énormément aidée et rassurée. Je conseille à toutes les femmes enceintes de s’entourer de personnes aussi compétentes et bienveillantes ! Les exercices de rééducation me permet de me réapproprier mon corps et de conscientiser la zone, de rapidement retrouver confiance, de tousser sereinement, de reprendre le sport, d'avaler les marches des escaliers qui mènent à mon appartement et de commencer à retrouver des sensations au toucher. En fait mon corps se remet rapidement de cette opération, c'est plutôt le choc psychologique, que j’ai sous-estimé, qui est plus difficile à encaisser.

" Dans l’inconscient collectif, avoir un bébé en bonne santé panse toutes les blessures de l’accouchement (...), et que tout le reste n’était que détails désagréables. C'est faux. "

C’est plusieurs semaines après notre retour à la maison, grâce à un énième échange sur le déroulé de l’accouchement avec ma conseillère en lactation que je comprends l’impact de cette opération sur moi. Ses mots résonnent encore dans ma tête : " On n’a pas seulement volé la naissance de ta fille, on a volé ta naissance en tant que mère ". L’émotion que déclenche cette phrase me bouleverse encore aujourd’hui. En entendant ces mots, je comprends pour la première fois que je suis en colère et que c’est mon droit de l'être. Quelque part, je suis "bousillée" par la violence de cet accouchement, traumatisée d’avoir dû attendre plusieurs heures avant de rencontrer mon bébé et serrer ma fille dans mes bras. Une douleur auparavant éclipsée par l’obsession du bien-être de ma fille. Cet échange et tant d’autres m’ont permis de révéler cette blessure et de la comprendre, de libérer ma tristesse et cette déception d’avoir « subi » mon accouchement. Après ça, je me suis autorisée à être en colère, même si « tout s’est bien fini ». Dans l’inconscient collectif, avoir un bébé en bonne santé panse toutes les blessures de l’accouchement et je m’étais laissée persuader avec docilité que cette idée était une réalité, une loi universelle, et que tout le reste n’était que détails désagréables. C'est faux. Malgré toute la bienveillance de mes proches à la suite de ma césarienne d'urgence, celle-ci reste et restera un détail à leurs yeux. Pas pour Quentin et moi. Notre naissance en tant que parents a été entachée par les souvenirs difficiles de cette intervention brutale. 

Il est primordial pour moi de remercier et d’exprimer ma gratitude envers toute l’équipe de soignants (...) Ils ont su apporter beaucoup de douceur dans ce moment très difficile et sont la raison pour laquelle je ne resterai pas traumatisée par ce que j’ai vécu.  

Cette césarienne d’urgence, j’ai eu envie de la partager pour exorciser ce moment mais aussi pour mettre en avant les soignant.e.s qui sont intervenu.e.s auprès de Charlie, Quentin et moi ce soir-là. Il est primordial pour moi de remercier et d’exprimer ma gratitude envers toute l’équipe de soignants. Chacun d’entre eux a été extraordinaire. Ils ont su apporter beaucoup de douceur dans ce moment très difficile et sont la raison pour laquelle je ne resterai pas traumatisée par ce que j’ai vécu.

Je suis et je serai à jamais reconnaissante envers toutes ces soignantes que j'ai croisées en post-partum. Elles ont toutes contribué à ma reconstruction en tant que mère et en tant que femme. Parce qu'elles m'ont aidé à accorder de l'importance à mes sentiments et à leur donner la place qu’ils méritent. Chacun.e d'elles m’a vue et entendue pour ce que j’avais vécu et elles m'ont toutes donné le droit d’avoir de la rancœur. Elles m’ont surtout fait comprendre que le bien-être de mon enfant, si cher à mes yeux, passait aussi par le mien. Et que pour avancer j’avais besoin que le traumatisme lié à mon accouchement soit reconnu, compris et accueilli sans jugement. J’avais besoin qu'on m’accorde le droit de ne pas accepter ce qui s’était passé, le droit d’aller mal, de pleurer, de regretter et de rejeter cet événement. Pour, une fois prête, décider par moi-même de l’accepter, d'avancer et de guérir.  

Aujourd’hui je me sens chanceuse d’être en bonne santé et d’avoir mis au monde un bébé parfait (dixit toutes les mamans du monde). J’allaite encore, ce qui est une source d’amour et de bonheur inestimable pour moi. La maternité m’a changée, je suis plus conciliante, et étrangement très patiente. J’ai appris à prendre du recul, j’arrive à me concentrer sur l’essentiel : Charlie et Quentin (et Sirius), ma petite famille à moi. Aujourd’hui je contemple ma cicatrice avec tendresse car malgré le choc lié à sa création, elle est le souvenir et la preuve irréfutable de l’arrivée au monde de ce petit être qui est devenu le centre du mien. "  

 

 

Les tips de Kim 

Ne pas chercher à tout contrôler.  
Essayer de tirer du positif dans chacune de nos expériences. 
Rien n’est jamais définitif. 
Pour toutes celles qui vivent ce qu’on appelle aujourd’hui « une grossesse arrêtée », essayer de ne pas se blâmer et en parler si on en ressent le besoin. 
S’autoriser à vivre le deuil d’une grossesse et lui laisser la place qu’il mérite. 
Ne pas taire ses émotions et exprimer sa tristesse, avec le coparent, les proches. 
Ne pas oublier d’avancer, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve ! 

La pensée freestyle de Kim 

Personne ne nous prépare à cette gifle que l’on se prend de plein fouet quand notre premier enfant arrive. La violence des sentiments qui bouleverse, questionne et fragilise à la fois. Cet amour inconditionnel si fort a remis en cause toute mon existence. Et pourtant rien ne m’a jamais paru aussi simple, aussi limpide. Ma vie, je la donnerais pour ce petit être, s’il le fallait. Mon amour pour ma fille me donne une force surhumaine en même temps qu'il me fragilise et m’effraie. 

À tous les parents en solo, je tire mon chapeau. Je pense à eux chaque fois que Quentin prend le relais et me rassure. Moi, j’ai une large épaule sur laquelle me reposer, une voix douce qui me parle et qui sait m’apaiser. Je ne sais pas si j’y serais arrivée seule alors à toutes ces héroïnes et tous ces héros du quotidien qui ont fait, font ou feront face à ce bouleversement, seul.e.s, vous avez toute mon admiration.  

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Tu as peut-être une histoire aussi forte à raconter que le témoignage césarienne d'urgence de Kim. Si c’est le cas, écris-nous à ton tour pour nous la partager ! 

* Position anormale du cordon ombilical alors comprimé par le fœtus pendant le travail, entraînant un manque d'oxygène pour le bébé et donc une détresse fœtale.
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