Syndrome du bébé secoué : 13 ans plus tard, ma fille va bien - Alice

Syndrome du bébé secoué : 13 ans plus tard, ma fille va bien - Alice

Chaque année, en France, plusieurs centaines de bébés sont victimes du syndrome du bébé secoué*. Dans 3 cas sur 4, les séquelles neurologiques impactent gravement le bon développement de l'enfant. Et, 1 fois sur 10, le nourrisson ne survit pas à la violence du geste*. Parfois le drame se passe au cœur de la cellule familiale, parfois dans un environnement qu’on pensait sûr. Quand Alice confie son bébé de quelques mois à la nounou qu’elle a trouvée par le biais d'un listing d’assistantes maternelles recommandées par sa commune, elle n’imagine pas une minute la mettre en danger. Et puis il y a ce mardi après-midi qui va bouleverser la vie de toute la famille... 13 ans après ce drame qui aurait pu emporter sa fille, Alice se confie.

🚩 Ce témoignage aborde le sujet délicat du syndrome du bébé secoué ainsi que le suivi médical du nourrisson et la procédure judiciaire engagée conte la nounou qui a depuis été déclarée coupable et condamnée. Il est donc à lire avec vigilance et dans les meilleures conditions. Des informations complémentaires sur le syndrome du bébé secoué sont données à la fin du récit d’Alice. 
 

Je m'appelle Alice, j'ai 44 ans. 
J'habite à Saint-Etienne, je suis assistante marketing. 
Ma famille est composée de Julien, le papa de mes enfants, dont je suis séparée depuis 1 an et demi, de notre fille Lou 13 ans, et de notre fils Milo 8 ans. 

Je rencontre Julien pendant nos études à l'école des Beaux-Arts de Saint-Etienne où nous avons des amis en commun. Mais c'est plusieurs années plus tard, lors d'une soirée, que notre histoire commence. Pendant 4 ans, nous vivons notre histoire d’amour à deux. Nous avons très envie d'être parents mais au "bon moment", c'est-à-dire avec un appartement à nous deux et un boulot stable au moins pour l'un d'entre nous.  

Être mère, ce n'est pas un “besoin viscéral” mais je dirais que c'est dans l'ordre des choses. Je ne vois pas comment ça pourrait être autrement, ça fait partie de moi dans le sens où je suis issue d'une famille aimante. Je suis proche de mes parents et de ma sœur. On fait des activités tous ensemble, on voyage, on parle, on échange, on se dit tout, une enfance très chouette ! J'ai aussi beaucoup de cousins, cousines, donc plein de souvenirs de vacances, de fêtes mémorables. Donc le schéma que j'ai à portée de main est assez “parfait et représente ce que je souhaite pour ma vie future. 

Et puis cette envie de fonder ma propre famille commence à me titiller vers l'année 2009 lorsque mes amies les plus proches deviennent mamans et que je garde leur fille. Je ne suis pas "gaga" devant ces bébés mais je me pose des questions : à quoi ressembleraient mes enfants ? à moi ou à Julien ? Un mélange de nous deux, ça donnera quoi ? Et moi, comment je serais avec mes enfants ? Quel genre de famille on formerait ? Sans compter que, du côté de mes cousins, les annonces de naissance pleuvent aussi !  

2010. J'ai 30 ans et un jour de septembre, je dis à Julien : "Allons-y, essayons, les conditions sont réunies, il est possible que ça prenne du temps alors tentons dès maintenant !". Un mois après, je suis enceinte ! 6 mois après nous déménageons ! 

À cette époque, je n'ai pas de grands questionnements sur la maternité, je suis très peu sur les réseaux sociaux, seulement sur Facebook que je consulte depuis mon ordinateur (je n'ai mon premier smartphone qu'en 2013). Je n'ai donc pas d’accès à toutes les informations comme c’est le cas aujourd’hui. Je n'ai pas particulièrement peur.... Enfin si, concernant le jour de l'accouchement bien sûr, mais c'est tout. Je sais que j'ai envie de tenter l'allaitement. J'ai quelques idées arrêtées : pas de sucette, pas de cododo... qui vont vite être oubliées ! Je prends les infos au fur et à mesure, comme elles viennent, sans trop me prendre la tête au début. 

 

(...) je me lève d’un coup et là c’est la flaque ! “ 
 

17 mai 2011, minuit et demi. Endormie depuis quelques heures, je sens quelque chose qui coule entre mes jambes, ça me réveille, je me lève d’un coup et là c’est la flaque ! Je me précipite dans la salle de bain, je prends une douche et je vais prévenir Julien qui ne croit pas tout de suite ce que je lui annonce... Il n’était pas prêt ! Lou était prévue pour le 21 juin, nous sommes donc à plus d’un mois avant le terme. Moi, je ne suis ni anxieuse ni stressée, je me dis que tout est “naturel” puisque je viens de perdre les eaux. Il se trouve que j’ai préparé ma valise pour la maternité ce même jour, c’est un signe ! En revanche, je n’ai pas eu le temps de terminer mes cours de préparation à l’accouchement, nous n’avons pas encore visité la maternité (le rendez-vous est prévu la semaine d’après). Je ne sais donc pas trop comment respirer, comment vont se passer les choses. Je sais juste que je vais avoir mal donc j’espère avoir la péridurale. Alors je prends les choses comme elles viennent et j’évite de me poser trop de question. Une fois Julien prévenu, j’appelle la maternité, on me dit de préparer mes affaires et de venir sans trop tarder. Je n’ai pas de contractions, je suis donc plutôt sereine... 

2 heures du matin. Nous arrivons à la maternité et on enchaîne avec une batterie d’examens : échographie, monitoring et toucher vaginal. J’ai quelques contractions. On attend. Dans la matinée, on nous transfère dans une chambre une autre femme sur le point d’accoucher est présente. Dans cette situation, la cohabitation n’est pas idéale mais j’arrive à me glisser dans ma bulle. Malgré ça, le travail n’avance pas beaucoup... 

10h30. Je suis déclenchée avec l’administration d’un gel par voie vaginale. Et là, les contractions s’intensifient petit à petit. Le déjeuner est servi, je le vomis instantanément sous la douleur. Le temps me parait long, j’ai mal.  

15h00. La sage-femme m’ausculte : si je le souhaite, je peux avoir la péridurale, c’est le moment ou jamais ! Je grimpe dans un fauteuil roulant jusqu’à la salle de naissance dans laquelle l’anesthésiste me pique. Je vais y rester jusqu’à l’accouchement.  

15h30. Tout va mieux, la péridurale fait effet. Je m’auto-injecte des doses en fonction de mon ressenti. L’après-midi se passe toute en douceur. Je suis examinée régulièrement. Ce jour-là, Julien est présent du début à la fin. C’est une évidence pour lui de m’accompagner, de me soutenir et surtout d’être là, à la minute où sa fille va pointer le bout de son nez. Pendant toute la journée, il fait face à chaque situation, m’accompagne dans les toilettes lorsque je dois vomir, me motive comme un coach au moment de la poussée, me tient la main. Lorsque Lou naîtra, si petite et fragile, il sera le premier à faire du peau à peau... 

 

Sa fragilité, sa petite taille et son petit poids m’impressionnent et me donnent envie d’être aux petits soins avec elle, de la protéger. “ 

 

18h50. Mon col est ouvert, la tête de Lou est visible, il est temps de la faire sortir ! La sage-femme, aidée des infirmières et de Julien, me motive à tout donner. Au début, j’ai un peu de mal à comprendre comment pousser et puis je finis par trouver mon rythme. Et puis, après 3 ou 4 poussées, la sage-femme demande les forceps pour aider Lou à sortir. Une fois la tête sortie, on me pose la question d’attraper moi-même ma fille : c’est un grand OUI !!!! Ce geste est si fort. Je récupère ma fille sur moi. Une crevette toute petite et fragile de 2,4kg et 47cm. Elle est si frêle, le crâne déformé et le visage abîmé par les forceps. Je suis très émue, je réalise tout juste ce qu’il vient de se passer. Sa fragilité, sa petite taille et son petit poids m’impressionnent et me donnent envie d’être aux petits soins avec elle, de la protéger mais il est déjà temps de la rendre aux soignants qui partent avec Julien pour s’en occuper. En attendant de la retrouver, c’est à moi d’être examinée et réparée après mon épisiotomie. 

 

syndrome bébé secoué 

Je suis là, installée dans ma chambre, ma fille sur moi, Julien à mes côtés. Il y a cet instant de plénitude où tu réalises ce que tu as fait, tu ne te poses pas la question de ce qu'il se passera après, tu profites juste de ce moment présent. Lou est en bonne santé mais le médecin découvre le lendemain qu'elle a une dysplasie de hanches (problème héréditaire). Pendant 6 mois, elle devra porter ce qu’on appelle un lange-câlin, une sorte de grosse couche rigide posée par-dessus ses vêtements. Nous rentrons à la maison, c'est l'été, on profite des visites, on part en vacances à la montagne. De retour mi-août, il est temps de commencer petit à petit l'adaptation avec la nounou, que nous avons trouvé quelques mois plutôt via un listing fourni par la mairie de notre commune. Après en avoir appelé un certain nombre et rencontré quelques-unes, nous la choisissons elle, parce que le courant passe bien, que ses horaires correspondent aux nôtre et, il faut bien l’avouer, parce qu’elle n’habite pas très loin de notre domicile. Elle fait ce métier depuis plusieurs années et on a visité le lieu dans lequel elle vit. Lorsque nous échangeons avec elle, nous sommes en confiance et rien ne présage du pire. Tout nous paraît normal chez cette femme qui aime les enfants et bien s’en occuper. Son appartement est propre et équipé pour accueillir des enfants d’âges différents. L’adaptation commence donc : 30 min, 1h, 2h, jusqu'à cette première vraie semaine de garde et cette journée du mardi 30 août 2011.  
 

En début d'après-midi, la nounou appelle Julien pour lui indiquer que Lou a perdu connaissance et qu'elle a appelé les pompiers.  

 

Ce jour-là, à 9h, Julien dépose Lou chez sa nounou pour une journée complète de garde. En début d'après-midi, la nounou appelle Julien pour lui indiquer que Lou a perdu connaissance et qu'elle a appelé les pompiers. Julien se souvient courir jusqu’à chez la nounou sans savoir vraiment le problème qu’a Lou. Impossible pour lui de comprendre ce qu’elle lui dit au téléphone mais la présence des pompiers sur place et un transfert prévu vers l’hôpital le poussent à se précipiter chez elle. La prise en charge des pompiers reste assez floue pour lui... Il se souvient surtout de Lou, prise de crises de pleurs et de moment d’assoupissement, par intermittence. Il constate aussi qu’elle est toute blanche et amorphe. Il remarque tout de suite l’ecchymose qu’elle a sur la joue. Les pompiers sont là, le temps presse et il part rapidement dans l’ambulance, Lou dans les bras, direction les urgences pédiatriques. Tout le long du trajet vers l’hôpital, Julien pose les mêmes questions aux pompiers, car il n’arrive pas à imprimer les réponses. Il tente de comprendre ce qui s’est passé, et de ne pas comprendre le panique. Il est aussi sous le choc des pleurs de détresse de Lou. Quand ils arrivent à l’hôpital, moi, je ne suis pas encore sur place. Julien fait face à pas mal d’attente pour divers examens… Puis un dernier, décisif : un fond de l’œil. L’ophtalmo est alors catégorique : l’accident qui nous amène ici n’a rien de bénin. A ce moment-là, Julien sent que quelque chose ne tourne pas rond. Il est placé dans une pièce à part. Il est seul avec Lou toujours dans ses bras. Puis la cheffe de la réa-néonatale est arrivée, entourée de plusieurs médecins, internes et infirmières… La pièce est devenue bien petite d’un coup pour Julien qui ressent un relâchement de la part des soignants quand ils comprennent qu’il nétait pas présent lors de l’accident. 

 
S'en suivent des examens qui révèlent un hématome sous-dural bilatéral et de nombreuses hémorragies rétiniennes. La cheffe de service identifie tout de suite le syndrome du bébé secoué. “ 
 

Lorsque j’arrive à l’hôpital, je retrouve donc Lou et Julien dans cette petite pièce à côté de l’accueil, où on attend d’en savoir plus sur ce qu’il s’est passé et sur l’état de notre fille. Je vois que Julien est complétement sonné par ce qu'il vient de vivre et nous ne comprenons pas encore la gravité de la situation. Nous avons peu d'infos, nous constatons juste l'état semi-conscient de notre fille, une ecchymose sur sa joue et une trace dans son cou. S'en suivent des examens qui révèlent un hématome sous-dural bilatéral et de nombreuses hémorragies rétiniennes. La cheffe de service identifie tout de suite le syndrome du bébé secoué. Elle nous conseille d’ailleurs de ne surtout pas répondre aux appels de la nounou qui cherche à nous contacter pour avoir des nouvelles de Lou. Pour elle, tout est très clair mais pour d’autres ça l’est moins... Pendant notre séjour, nous croisons du personnel soignant qui reste suspicieux à notre encontre. Et j’avoue que c’est un sentiment très désagréable. Finalement, comme me dit une infirmière, une nuit : je n’ai aucune information concernant votre histoire, je sais juste qu’une petite fille se prénommant Lou séjourne dans notre service donc je ne sais pas si c’est vous, le papa ou quelqu’un d’autre qui lui a fait ça ! Cet échange est terrible mais tellement vrai. Tant que les preuves de notre innocence ne sont pas vérifiées, le doute subsiste. Quelques jours avant de sortir de l’hôpital, la pédiatre en cheffe attendra l’aval de la police avant de nous laisser partir avec notre fille. 

 

L’infirmière de garde prend un poupon et me montre ce geste si violent de cette tête qui fait des allers-retours, d’avant en arrière. Le geste est extrêmement parlant et je me rends alors compte, ce soir-là, de ce qu’a subi ma fille.  

 

Finalement, j'apprends véritablement ce que signifie le syndrome du bébé secoué, lors d’une de ces nuits passées à l’hôpital avec Lou. L’infirmière de garde prend un poupon et me montre ce geste si violent de cette tête qui fait des allers-retours, d’avant en arrière. Le geste est extrêmement parlant et je me rends alors compte, ce soir-là, de ce qu’a subi ma fille. Avant ça, je ne me l'imaginais pas. 

Létat de Lou se dégrade, comme si elle n’avait plus d’énergie, comme si on la sentait “partir” alors elle est transférée dans le service de réanimation pédiatrique. Malheureusement nous ne sommes pas autorisés à rester avec elle, cette première nuit en réanimation. C’est très dur de la quitter. Nous rentrons chez nous ce qui nous permet aussi de nous poser un peu, d’appeler nos familles et nos amis pour leur expliquer ce qui vient de se passer. Arrivés dans notre immeuble, nous croisons nos voisins en remontant chez nous, ils ont appris la nouvelle et d’échanger pour la première fois avec des personnes extérieures nous fait prendre conscience de ce que nous venons de vivre. On s'effondre de tristesse et d'impuissance. La nuit est courte.  

 

(...) nous sommes convoqués, Julien et moi-même, au commissariat pour être entendus séparément, par deux majors. Dans la pièce où je suis, je reconnais le transat dans lequel était installée Lou, chez la nounou, cela me tort le ventre. “ 

 

31 août. Dès notre réveil, nous avons des nouvelles de Lou et, la bonne nouvelle, c’est qu’elle n’est pas tombée dans le coma durant la nuit. C’était la crainte des médecins lorsqu’elle est arrivée. De notre côté, nous portons plainte contre la nounou qui est placée en garde à vue, dès le lendemain. Le 1er septembre, nous sommes convoqués, Julien et moi-même, au commissariat pour être entendus l'un et l'autre dans deux pièces différentes, par deux majors. Dans la pièce où je suis, je reconnais le transat dans lequel était installée Lou, chez la nounou, cela me tort le ventre. 

Jour après jour, son état s'améliore. Et puis son hématome commence à se résorber, le sang qui est entre son cerveau et son crâne commence à s’écouler petit à petit. Son périmètre crânien est mesuré régulièrement, et il diminue. Sa fontanelle, elle, est moins bombée. 

3 septembre. Elle est transférée dans le service pédiatrique. Là, tout est plus facile. Elle n’est plus branchée de partout et nous pouvons la prendre contre nous dès que nous le souhaitons. Elle pleure beaucoup à ce moment-là. Elle a besoin de nous, de nos bras. Les journées sont alors rythmées par les soins, les siestes, les tétées, les biberons, les examens. Nous alternons chacun notre tour les nuits passées avec elle à l'hôpital, chacune d'entre elles est vécue comme une victoire, un jour de plus passé avec de bonnes nouvelles sur son état. Je continue de l'allaiter un peu jusqu’au 12 septembre, jour de notre sortie définitive. Nous repartons alors avec une batterie de rendez-vous à effectuer toutes les semaines, tous les mois, puis durant les années à venir. Lou est d’abord suivie par un neurologue, une psychomotricienne et plus tard, au moment du développement du langage, par une orthophoniste à l’hôpital. Petit à petit les examens s'espacent parce qu'elle va mieux et ce suivi durera jusqu’à ses 10 ans. En parallèle, nous avons pris un avocat spécialisé dans le syndrome du bébé secoué qui nous accompagne tout au long de la procédure. C’est d’ailleurs elle qui nous conseille de faire examiner Lou par des experts pour suivre l’évolution de son développement au niveau du langage, mais aussi de l’écrit et de l’apprentissage. C’est une démarche qui pèse dans la procédure judiciaire. 

 

Puis arrive notre tour, la vue de la nounou me glace le sang. ” 

 

Février 2015. Nous sommes convoqués pour assister à l'audience de la nounou qui sera jugée pour les faits qui lui sont reprochés. Nous appréhendons ce moment, nous savons qu’une lourde épreuve nous attend. Mais Julien et moi sommes unis pour affronter cette audience, et nous sommes accompagnés de notre avocate qui connaît très bien le sujet. La matinée est longue puisque nous assistons à d’autres affaires jugées avant nous. Puis arrive notre tour, la vue de la nounou me met en colère et en même temps me glace le sang. Elle, qui n’a pas d’avocat pour la défendre, se retourne vers nous en criant : « vous voulez que j’avoue, c’est ça, hein ?! » J’explose en pleurs et mon cœur bat à 1000 à l’heure. En fait cette attitude me cloué sur place et me terrorise en quelque sorte. Je ne m’y attends tellement pas ! Sur le coup je suis anéantie, je ne comprends pas son comportement, comme si c’était elle la victime. Puis la juge relate cette journée du 30 août dans les moindres détails, les échanges entre la nounou et les pompiers, les rapports des médecins. Elle interroge la nounou qui reste floue sur ce qui s’est passé ce jour-là. Elle n’avoue aucun des faits qui lui sont reprochés. Elle ne dit rien sur ce qui s’est véritablement passé. Nous ressortons frustrés de ne pas avoir eu les réponses à nos questions mais soulagés que cette matinée se termine enfin. Quant à la nounou, qui avait déjà été identifiée pour d’autres faits (elle n’aurait d’ailleurs jamais dû avoir son agrément d’assistante maternelle) est condamnée à 2 ans de prison dont 1 an ferme, avec l’interdiction d’exercer. 

 

Ce qui m’a permis de tenir c’est d’abord de vivre ça à deux, avec Julien, de nous soutenir mutuellement. “ 

 

Ce qui m’a permis de tenir c’est d’abord de vivre ça à deux, avec Julien, de nous soutenir mutuellement. Nous nous sommes partagés les temps de présence à l’hôpital auprès de Lou. Et puis il y a eu le personnel médical qui nous a soutenu et expliqué ce qui se passait pour notre fille. Ils ont été formidables tout au long de notre séjour. L’hôpital nous a proposé de nous faire accompagner par une psychologue pendant plusieurs mois après le drame. Cela nous a aidé à avancer. Nos familles et nos amis ont été aussi d’un grand soutien. 
 

 

Aujourd'hui, Lou va bien, c'est une adolescente sensible, intelligente, sociable, qui est au courant de ce qui lui ait arrivé lorsqu'elle était petite. D’ailleurs, elle se souvient exactement du moment où elle a entendu parler pour la première fois de cet “accident”. C’était un soir de novembre 2019.  Son frère s’était fait mal et j’étais partie avec lui à l’hôpital. A ce moment-là, elle a demandé à son père si elle était déjà allée à l’hôpital, elle aussi, et Julien lui a tout raconté. Il n’y a donc pas eu de moment solennel tous les 3, les infos lui ont été données petit à petit à partir de ce moment-là.

Nous avons clôturé définitivement son dossier auprès de notre avocate l'année dernière. Une page s'est définitivement tournée. 

 

(...) ces histoires, ça n'arrive pas qu'aux autres. “ 

 

Cette histoire a rendu encore plus fort l'attachement que j'ai pour ma fille. Être là pour elle, pour la rassurer, lui parler, la soutenir, l'aider à traverser cette épreuve, je me suis sentie tellement à ma place de mère. Ça m'a fait réaliser aussi que la vie peut basculer du jour au lendemain et que, ces histoires, ça n'arrive pas qu'aux autres.  
 

 

Les tips d’Alice 

Ecouter son instinct de mère. 
Avoir un regard critique sur la personne qui s'occupe des enfants (même si je suis profondément consciente que nous sommes entourés de nounous formidables).  
Rester vigilant.e.  
Parler dès qu’on a le moindre doute. 

La pensée free style d’Alice 

Sourire à la vie, elle te le rendra. 
Profite de chaque instant pour n'avoir aucun regret. 
Prends soin des gens que tu aimes, ils ne sont pas éternels. 

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ℹ️ Pour rappel : le syndrome du bébé secoué désigne un traumatisme crânien non accidentel qui survient lorsque l'on secoue violemment un nourrisson. Cette forme de maltraitance est une urgence médicale.   

Il peut arriver que face à un bébé qui pleure intensément, on soit désemparé.e.  

Si on n'arrive pas à calmer les pleurs de son bébé et qu'on n'en peut plus de l'entendre pleurer, il est important de ne pas insister. Le mieux est de le coucher bien en sécurité sur le dos, dans son lit, puis de quitter la chambre pour quelques minutes en fermant la porte de la pièce derrière soi. Ensuite, pour faire redescendre la pression interne, on peut tenter de : 

- prendre des respirations longues et profondes, 

- serrer un objet mou, 

- écouter de la musique douce qui nous apaise, 

- pleurer si on en ressent le besoin 

- prendre une douche fraîche,  

- demander un relais ou de l'aide.  

- parler à un.e proche de confiance dont la voix nous apaise  

- contacter "Allo parents bébé" au 0.800.00.34.56 du lundi au vendredi, de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures. Ce service géré par l’association Enfance et Partage a pour mission d’écouter, de soutenir et d’orienter les parents inquiets dès la grossesse et jusqu’aux trois ans de l’enfant. 

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