Je vis dans Les Ardennes, dans le nord-est de la France. Je suis responsable qualité en industrie agro-alimentaire.
Ma famille est composée de mon mari Pierre, de notre fils Paul qui a 22 mois, et de mon chat Bouli.
“Tout de suite, je décide de ne pas l'allaiter, j'ai un besoin viscéral de récupérer mon corps pour moi, de ne plus le partager.”
Le dernier mois de ma grossesse, je marche 200 kilomètres avec mon gilet de trail et mon gros bidou. Le jour du terme, je suis au bord du désespoir, je n'en peux plus d'être enceinte et j'accueille enfin mon fils lors d'une naissance très rapide. La douleur marque mon esprit, mais une vague d'amour m’envahit littéralement et je comprends instantanément ce qu'est le "bliss". Tout de suite, je décide de ne pas l'allaiter, j'ai un besoin viscéral de récupérer mon corps, pour moi, de ne plus le partager. Je suis habituée à l'écouter beaucoup en tant que coureuse régulière et j'ai envie de l'avoir pour moi, à 100%. Après deux mois et demi de congé maternité, je reprends donc la course à pied avec en tête un objectif très clair qui ne me quitte pas : je veux faire un semi-marathon avec mon fils en poussette et je veux le faire d’ici un an.
“(...) c'est interdit en France de courir avec une poussette en compétition.”
Je reprends doucement. Au début, un simple 3 kilomètres puis j’augmente progressivement. Je finis de perdre mes kilos de grossesse et, un an après mon accouchement, je retrouve ma forme d’avant Je débute ma rééducation du périnée et, aux 15 mois de Paul, je me lance dans le défi de ce semi-marathon pour lequel j'essuie de multiples refus : c'est interdit en France de courir avec une poussette en compétition. Je suis extrêmement déçue mais je ne me laisse pas abattre. Je choisis de faire cette course de 23 kilomètres, sans dossard officiel, en partant 30 secondes après les participants de la course Sedan Charleville, la plus ancienne course de ville à ville d’Europe. 3000 coureurs qui relient les deux plus grandes villes du département.
Mon coach m'accompagne et nous nous relayons tous les kilomètres pour emmener la poussette jusqu’à la ligne d’arrivée. Quelle fierté et quelle émotion pour moi de le faire en post-partum et d’y être arrivée ! J'arrive avec des étoiles dans les yeux, et un super chrono ! Nous sommes partis les derniers, mais nous avons doublé la moitié du peloton soit 1500 coureurs ! Mon fils passe toute la course à applaudir les spectateurs, il a le sourire jusqu'aux oreilles et nous sommes encouragés comme jamais !
Prochaine étape : la flamme olympique. Je m'inscris pour être sélectionnée pour la porter en courant avec mon fils en poussette, bien sûr. Mais je ne suis pas sélectionnée. Dommage, ça aurait permis de montrer que les mamans peuvent aussi faire ça ! Dans la foulée, je bats mon record sur 10km et sur semi-marathon. Je n'en reviens pas : la maternité a transformé mon corps, je suis bien plus fatiguée, mais je n'ai jamais été aussi rapide. Je continue la rééducation du périnée et je m'inscris au Marathon de Paris 2024, après avoir pesé le pour et le contre avec mon mari car, je le sais, préparer une telle course, c'est une vraie organisation surtout pour trouver du relais pendant que je pars courir parfois 3h ! Cela va impacter notre vie de famille, mais nous savons que c'est temporaire. Mais je peux compter sur mes proches. Mon mari Pierre, mes parents et la femme de mon coach le gardent à tour de rôle. Sans eux, je n'aurais pas pu m'entrainer aussi assidument. Au fil des semaines, je me vois progresser, je me prépare physiquement et mentalement. Et le grand jour arrive...
Dimanche 7 avril 2024, 22 mois après la naissance de mon fils, je prends le départ du Marathon de Paris. J'ai une petite poule dessinée au marqueur sur mon poignet, c'est l'animal préféré de mon grand bébé. Je passe par toutes les émotions. D’abord beaucoup de bonheur, je profite de l'ambiance, puis les moments plus difficiles arrivent dans le dernier quart de la course. Je pense alors à la puissance de mes contractions et je relativise les douleurs du marathon : c'est bien moins intense que ce que j'ai vécu 22 mois plus tôt ! Je trouve une grande force dans ces pensées. Je pense aussi à ma famille, à mes deux meilleures amies et puis je vois une de mes copines du June Gang qui est là pour m'encourager. Finalement, je passe la ligne d'arrivée avec le chrono que je me suis fixé. Je suis si fière d'avoir réussi. On dit que le post-partum dure 3 ans alors quelle fierté pour moi de réussir ce défi sportif qui était inatteignable il y a encore quelques années.
La course à pied m'a donné encore plus confiance en moi et m’a permis de gagner un sacré mental. Maintenant que j'ai couru le marathon, je sens que je peux déplacer des montagnes, en faire autant que les hommes et faire tomber les clichés sur les femmes. Et puis après avoir accouché et couru 2 marathons, hors de question d'entendre parler de "sexe faible". En étant déterminée, on peut faire absolument tout !
Les tips de Marine
S'écouter
Suivre ses envies
Ne pas trop se préoccuper de l'avis des autres.
La pensée freestyle de Marine
Merci Bliss, je vous adore, vous êtes mon rayon de soleil du lundi matin en voiture, mon divertissement quand je cours seule. Je suis une bien meilleure personne depuis que je vous écoute : plus ouverte, plus informée et plus à l'écoute des autres.
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Si tu as aimé ce témoignage sport enceinte, tu peux aller découvrir le compte Instagram de Marine dédié à la course à pied en poussette : "runningpoussette".